La haute couture est le secteur professionnel dans lequel exercent les créateurs de vêtements de luxe. Aujourd'hui, elle s'organise autour de « maisons de haute couture », des enseignes pour certaines assez anciennes,
auxquelles de nombreux grands couturiers ont collaboré au fil des années. Elle joue un rôle d'avant-garde et ses œuvres préfigurent la mode. En France, d'où elle est originaire, la « haute couture » est une appellation juridiquement protégée[1]. Les maisons de haute couture doivent répondre à un certain nombre de critères (travail réalisé à la main dans les
ateliers de la maison, nombre d'employés, nombre de modèles, participation à un quota de grands défilés, utilisation d'une
certaine surface de tissu).
La prééminence française dans la mode date sans doute du XVIIe siècle,
époque à laquelle les arts, l'architecture, la musique et la mode de la Cour de Louis XIV à Versailles sont admirés et imités par l'Europe entière. Lorsque le chemin de fer et les bateaux à vapeur le permettent, il devient courant
pour les dames de la haute société européenne de faire le voyage à Paris pour y acheter vêtements et accessoires. Les tailleurs et les modistes français ont alors la réputation d'être les plus talentueux,
et leurs créations sont les plus recherchées.
Charles Frederick Worth (13 octobre 1826 – 10 mars 1895) est considéré comme le père de la « Haute Couture ». Bien qu'il soit de
nationalité britannique (il est né à Bourne, dans le Lincolnshire, en Angleterre), Worth a laissé sa marque sur cette industrie, devenue par la suite typiquement française. Il a créé la Chambre Syndicale
de la Couture Parisienne. C'est lui qui, au-delà des modèles uniques, sur mesure, fabriqués à la commande pour ses riches
clientes, développa une collection de modèles qu'il présentait, sur des mannequins vivants, dans les salons luxueux de sa
maison de couture. Auparavant, les clientes commandaient leurs robes, et le tailleur exécutait. Désormais, elles choisissent
un modèle dans la collection. Après Worth, d'autres poursuivirent dans la même direction, comme les sœurs Callot, Jean Patou, Paul Poiret, Vionnet, Lanvin, Chanel, Schiaparelli, Cacharel, Balenciaga et Dior. Certaines de ces maisons existent encore aujourd'hui.
Au milieu des années 1960, un groupe de jeunes stylistes apparus dans le sillage de Dior et Balenciaga créèrent leurs propres maisons. Les plus célèbres
sont Yves Saint Laurent, Pierre Cardin, André Courrèges et Emanuel Ungaro. Plus tard au XXe siècle apparurent notamment Christian Lacroix, Jean-Paul Gaultier et Thierry Mugler.
Aujourd'hui, la haute couture n'est plus l'activité essentielle, en termes économiques, pour la dizaine de grandes maisons
parisiennes qui la pratiquent encore. D'abord parce qu'elle n'est pas rentable : les exigences de ce métier (travail
long, réalisé à la main dans des ateliers français, etc) ont pour conséquence des prix inabordables au commun des mortels.
Certaines robes se négocient plus de 100 000 euros. On considère que seules quelques centaines de femmes dans le monde sont susceptibles d'acheter des pièces de haute
couture[Qui ?].
Cette activité permet de faire subsister nombre de fournisseurs, dont l'entreprise est généralement artisanale et ancienne,
à l'instar du brodeur Lesage ou du plumassier Lemarié.
Mais si elle n'est pas rentable, la haute couture sert de vitrine pour diffuser l'image de marque des maisons, ce qui leur
permet de commercialiser du prêt à porter vers une clientèle plus large ainsi que, de plus en plus, des accessoires et des parfums, deux activités extrêmement rentables. Certaines maisons sont connues pour avoir poussé à l'extrême cette logique de la licence
et du merchandising, comme Pierre Cardin, dont le prestige dégringola rapidement, le surnombre et la mauvaise qualité des produits portant sa
griffe dévalorisant peu à peu le prestige de sa marque.
Enfin, depuis les années 1960, la scène de la mode s'est internationalisée, et les clientes ont pris l'habitude de prêter attention également aux créateurs
de New York ou de Milan, Paris conservant cependant son rôle de capitale de la mode.