Le latin, que les soldats de César amènent dans
nos contrées (59-51 avant J.C), est parfois lui-même emprunté au grec. Il est adopté peu à peu par les populations de la Gaule
(bas-latin). Depuis vingt siècles, les mots gallo-romains évoluent et changent de forme et de sens. Dans notre vie
quotidienne, nous employons encore certains mots ou expressions latins et de nombreux mots français sont construits sur des
préfixes latins ou des racines latines.
Le latin est la seule langue officielle.
Le langage des populations n'est pas unifié, ni fixé. Dès le Vème et pendant les VI, VII, et VIIIème siècles, ils adoptent
une langue formée de latin et de restes de gaulois : le Roman qui présentait bien des différences selon les régions.
Une ligne "La Rochelle - Grenoble" scinde le territoire en deux. Au Nord de cette ligne, c'est la langue d'Oïl, au
Sud, la langue d'Oc. Sans cesse, la langue locale se "frotte" à la langue de l'Église catholique. Il faudra attendre
jusqu'en 1539, date de l'ordonnance de Villers-Cotterêts sous François I qui élève le français en tant que langue royale.
Le premier document possédé en
roman est le Serment de Strasbourg, prononcé par Louis le Germanique en 842.
Le français tire son
origine du francien - dialecte de l'Île de France. La langue d'Oïl a évolué en différents langages locaux tels l'anglo-normand
en Normandie, le picard dans la région d'Amiens et de la Somme, le champenois, autour de Troyes et Reims
et le wallon que l'on parle dans une partie de la Belgique du Sud jusqu'à Liège. Les Normands conquièrent l'Italie
du Sud et la Sicile ; le français se parle jusqu'en Hongrie et en Angleterre où il devient la deuxième langue officielle.
Il s'y maintiendra durant 300 ans et une grammaire latine, le Donat français paraîtra même vers 1400.
A la fin du XIème siècle, les
premières œuvres littéraires sont écrites en langue d'Oïl : anglo-normand, champenois ou picard.
Le français prend de plus en plus
d'importance. De nombreux croisés répondent à l'appel du pape et partent pour la Palestine : le français se répand en Syrie,
au Liban, à Jérusalem. Les royaumes de Jérusalem et d'Antioche adoptent le français comme langue officielle.
Les échanges commerciaux favorisent
la langue française qui devient la langue internationale des transactions. Les foires commerciales qui se déroulent en France
sont prestigieuses et attirent des commerçants des quatre coins de l'Europe.
A la fin du Moyen Age, le français
rayonne. Il est la langue du pays le plus peuplé mais aussi le plus riche d'Europe. Les universités de France sont renommées
et attirent de nombreux étudiants étrangers.
Les XIV et XVème siècle voient
l'apparition de la langue française proprement dite qui abandonne l'usage des "cas" latins.
Le français moderne se fixe définitivement
au XVIIème siècle avec Malherbe, Descartes, Corneille, Pascal, Racine, Molière, Boileau, La Bruyère, Bossuet... La fixité
de la langue doit beaucoup à l'Académie Française, fondée en 1635 par le Cardinal de Richelieu. Le français devient alors
une affaire d'État.
C'est vers la fin du XVIème siècle
que le français se voit concurrencé par l'espagnol et l'italien (c'est l'époque de D'ante et de Pétrarque, de Machiavel et
de la richesse de Florence, de Venise et de Gênes).
Le XVIIème siècle marque le retour
du français. Louis XIV est à son apogée et la cour de Versailles bénéficie d'un grand prestige. La France compte de grandes
plumes : Molière, Racine, La Fontaine. De nombreux savants étrangers vivent en France. La révocation de l'Édit de Nantes (1685)
provoque la fuite de nombreux français protestants qui s'établissent en Allemagne, en Autriche, en Suisse,...
Au XVIIIème siècle, les traités
sont rédigés en français. Il restera d'ailleurs la langue diplomatique jusqu'à la guerre 14-18. Dans les cours allemandes
et italiennes, de nombreux chambellans, fonctionnaires, peintres, ... parlent le français. Les princes écrivent dans un français
excellent et leurs enfants sont le plus souvent éduqués par des précepteurs français.
Le XIXème siècle marque l'apogée
du français dans la foulée de la révolution. Les correspondances de l'État russe sont en français. Les souverains européens
correspondent entre eux en français. La charte olympique instaure le français comme langue officielle aux côtés de l'anglais.
Les cérémonies d'ouverture et de clôture se font en français et sont ensuite traduites dans la langue du pays d'accueil. La
colonisation française permet au français de s'implanter à nouveau un peu partout dans le monde.
Le XXème siècle voit les guerres
mondiales faire vaciller les empires coloniaux. Les pays colonisés acquièrent leur indépendance. L'expansion du français semble
arrêtée.
D'où vient le Français
?
La langue française comme
toutes les langues s'est construite au fil de l'histoire. De la rencontre des peuples, de guerres et d'alliance, d'échanges
commerciaux en simple voisinage, nos ancêtres ont adapté leur langage afin de se faire comprendre de leurs semblables.
Avant d'arriver jusqu'à
nous, les mots ont subi bien des modifications que ce soit au niveau de leur forme ou de leur sens.
Il y a environ cinq mille
ans, le peuple qui vivait dans nos régions faisait partie d'une vaste aire culturelle qui s'étendait jusqu'au cœur de
la Bohème. Les peuples étaient apparentés par la langue, la culture et le mode de vie. Nous l'appelons aujourd'hui "le monde
celtique". Ils parlaient le gaulois.
Les légions de Jules César
conquièrent la Gaule en 52 av. J.-C. et leur langage devient peu à peu la langue du territoire.
Dès l'an 200, les Francs
qui viennent de Germanie ravagent la Gaule romaine. Ils adoptent néanmoins le langage des vaincus en y adjoignant quelques
dizaines de mots : pott - pot ; suppa - soupe, ...
Dans le Sud, les Sarrasins
nous ont aussi laissé quelques 300 mots arabes en même temps que l'algèbre
et les échecs. Certains mots ont suivi leur chemin pour arriver jusqu'à nous sous des formes qui ne laissent pas imaginer
qu'ils proviennent aussi de l'arabe. Les mots d'origine arabe
représentent près de 5,1% de notre langue.
Les échanges commerciaux
ont amené de nouveaux mots de chez les Astèques : tomatl - tomate ; ayacotl - haricot ; cacautl - cacahuète ; de chez
les Néerlandais : boek - bouquin ; ringhband - ruban ; de Bulgarie : jaourt , des Inuits : anorak et de l'hindi : pyjama.
L'allemand a donné environ
200 mots dont accordéon, bière, bivouac, blocus, bretelle, chenapan, choucroute, cible,dollar, ersatz, espiègle, képi, obus,
sabre, trinquer, valse, vasistas ...
L'italien a apporté environ
1.000 mots : balcon, banque, bouffon, boussole, brigade, canon, concerto, confetti, cortège, courtisan, crédit, dilettante,
escadron, faillite, fresque, graffiti, incognito, opéra, page, pittoresque, scénario, soldat, solfège, ténor ...
L'espagnol a donné quelques
300 mots dont : abricot, adjuvant, banane, bizarre, camarade, casque, cédille, chocolat, cigare, guérilla, hâbleur, maïs,
matamore, mirador, moustique, romance, sieste ...
L'anglais a donné et donne
encore actuellement des dizaines de nouveaux vocables : knife - canif ; bat - bateau ; barma, bifteck, box, budget, car, casting,
comité, football, forecast, grog, hardware, hold-up, look, marketing, match, punch, rail, raout, record, rosbif, sandwich,
sketch, software, stock, string, toast, tunnel, zoom ...ce qui ne manque pas de poser certains problèmes appelés anglicismes.
Le russe a apporté boyard,
cosaque, isba, mammouth, moujik, samovar, steppe ...
Les sciences avides de
termes adéquats ont forgé des mots sur base de racines grecques et latines.
Mais les mots ne viennent
pas uniquement de l'étranger : il y avait sur nos territoires des dizaines de langues et de patois et quelquefois, des mots
de ces régions entraient dans le langage : boulend (boulanger) du picard ; merki (marché) du normand ; bizou, bijour, baragouin,
biniou, domendu breton et une multitude de mots venant du provençal dont le mot "amour", cabas, cigale.
Plus près de nous, l'argot
ou plutôt les argots nous apportent de nouveaux mots : boniment, coquille, pion ... |
Histoire du français : du latin à l'ancien français
Du latin à l'ancien français |
58-52 avant J.-C. |
Conquête de la Gaule par Jules César. Les dialectes celtiques disparaissent
progressivement. |
Ier au IVe siècle après J.-C. |
D'abord parlé dans les villes, le latin gagne les campagnes gauloises. |
IIIe au Ve
siècle |
Invasions burgondes et franques. Les Francs gardent leur langue : le francique
(famille des langues germaniques). Au contact des parlers germaniques, la langue parlée évolue dans le nord de la Gaule. Au
sud, la langue parlée est plus proche du latin. La séparation langue d'oïl / langue d'oc apparaît. [Pour dire « oui »,
le Nord disait oïl et le Sud oc.]
|
Ve au Xe
siècle |
Dans le nord de la Gaule, deux langues coexistent : un latin écrit et des parlers issus du latin avec
des influences germaniques. Des peuples bretons s'installent en Armorique (Bretagne). Au IXe siècle, Charlemagne
restaure l'enseignement du latin. En 842, les petits-fils de Charlemagne (Charles le Chauve et Louis le Germanique) se disputent l'empire. Ils s'entendent contre leur frère Lothaire et signent un serment d'assistance mutuelle : les
Serments de Strasbourg. Ces Serments écrits en langue romane (romana lingua) et en langue germanique
(teudisca lingua : langue francique rhénane) marquent la naissance de la langue française car la langue est différente
du latin.
Vers 880, la Séquence de sainte Eulalie (ou Cantilène de sainte Eulalie) est le premier
texte littéraire français.
IXe siècle également : raids des Vikings. Ces Normands s'intègrent à la population et adoptent
la langue romane.
|
XIe siècle |
Chanson de Roland (1080). |
XIIe siècle |
Chansons de geste, romans courtois. |
XIe au XIIIe
siècle |
Les dialectes de langue d'oïl sont toujours en usage mais le français devient prépondérant. |
Petit lexique
- Ancien
français : état de la langue du IXe au XVIe siècle.
- Diachronie
: c'est l'évolution des faits linguistiques dans le temps.
- Dialecte
: c'est la forme prise par une langue dans un groupe linguistique donné.
- Étymon
: c'est le mot qui est considéré comme étant à l'origine d'un mot.
- Francique : langue des Francs.
- Koinè
(féminin) : langue commune établie à partir de divers parlers (langue commune de tout le monde grec, aux époques hellénistique
et romaine).
- Langues
romanes : ce sont les langues qui ont le latin pour langue mère.
- Moyen
français : désigne la langue du XIVe siècle au XVe siècle.
- Patois
: c'est un parler employé sur une aire géographique très limitée. Un patois est né de l'adaptation d'un dialecte ou d'une
langue.
- Romania
: c'est l'ensemble des territoires où le latin a été parlé jusqu'à la fin de l'Antiquité.
- Substrat
: langue remplacée par une autre qu'elle influence.
- Superstrat
: langue qui influence une langue antérieure sans la supplanter.
- Synchronie
: c'est l'état d'une langue à un moment donné.
- Véhiculaire
: c'est la langue de communication entre des communautés qui n'ont pas la même langue maternelle.
- Vernaculaire
: c'est la langue parlée à l'intérieur d'une communauté.
Source : H. Walter, Le Français
dans tous les sens, R. Laffont, 1988, page 27.
http://www.etudes-litteraires.com/langue-francaise/grandes-dates.php |